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Blog des Amis de LULINGU (RDCongo)
15 juillet 2017

Voyage à Lulingu 2017 - Projet agricole

Le suivi du projet de relance agricole

Un article de Claude Museme, responsable du projet

Dans le cadre de jumelage entre la paroisse Saint-Etienne de Braine-l’Alleud (Belgique) et la paroisse Sainte-Barbe de Lulingu (RD Congo), une équipe a effectué début juin 2017 une mission à Lulingu. Cette délégation était composée de quatre personnes : deux de la Paroisse Saint-Etienne, Père Alain et Mia et deux de Bukavu, Claude Museme responsable du projet de la relance agricole et Serge Farhi, catéchiste de la Paroisse de Buholo.

Pendant notre séjour à Lulingu, notre équipe a travaillé avec le curé de la paroisse l’abbé Félix et son vicaire, l’abbé Symphorien, les trois vulgarisateurs du projet de relance agricole Désiré, Vumilia et Donatien, les familles bénéficiaires de ce projet ainsi qu’avec d’autres habitants du milieu.

Don d’une moto 

Article Claude_1

Avant de partir à Lulingu, notre délégation a acheté à Bukavu, grâce à des dons reçus, une moto pour la paroisse Sainte-Barbe de Lulingu. Cette moto facilitera les déplacements des prêtres de Lulingu qui doivent parcourir de longues distances à pied pour aller à la rencontre des communautés de base de la paroisse.

Ce fut le cas de l’Abbé Félix, curé de cette paroisse qui, peu avant notre arrivée, effectua plus de 325 km à pied pour aller à la rencontre de ses paroissiens (voir article sur ce blog à la date du 20 juillet 2017)

Situation sécuritaire et climatique

Au plan sécuritaire, Lulingu a connu des situations beaucoup plus précaires. Après une longue période de déstabilisation de la population dûe à des guerres à répétition, la situation est pour l’instant relativement calme. Cela facilite les allées et venues de la population dans les différents villages qui bénéficient du projet de relance agricole. Elle peut ainsi vaquer paisiblement à ses activités quotidiennes.

La région est caractérisée actuellement par la rareté des pluies et un soleil ardent qui provoque la sécheresse. Cette sécheresse bloque en partie les activités agro-piscicoles de la région. Les champs et les jardins ne sont pas approvisionnés en eau, quelques étangs de multiplication des alevins tarissent. C’est le cas des étangs de Lukala, Mumbano et Katchungu. Autre conséquence de la sécheresse, le débit de certaines sources d’eau commence à baisser, quelques robinets et bornes-fontaines ne fournissent plus de grandes quantités d’eau pouvant répondre aux besoins de la population en eau potable. A cause de cette pénurie, des jeunes filles doivent parcourir de plus longues distances pour s’approvisionner en eau. Celles-ci sont dès lors davantage exposées à l’insécurité.

Etat d’avancement du projet de sécurité alimentaire

Le manioc

Article Claude_2

En ce qui concerne l’agriculture, nous avons procédé à la récolte de manioc dans un champ se trouvant tout près de la cure ainsi qu’à la distribution de boutures saines de manioc obtenues dans ce champ. Dix ménages dont les champs étaient prêts ont pu ainsi recevoir ces boutures. Le manioc récolté sera transformé en farine grâce aux moulins installés à Lulingu et Lukala par le projet. La farine sera divisée en 3 parties. Une partie sera distribuée aux ménages qui se sont impliqués dans les travaux d’entretien et de gestion de ces champs, une partie sera vendue et l’argent ainsi récolté sera utilisé pour leur communauté et une autre partie sera affectée à la paroisse pour aider les prêtres. 

Article Claude_3

La distribution des boutures de manioc a pour objectif de multiplier des boutures de bonne qualité (résistantes à la maladie et de grande productivité) afin de les distribuer auprès des ménages bénéficiaires en remplacement progressif des boutures locales attaquées par la mosaïque africaine qui ravage les champs de manioc. Il faut savoir que le manioc est un aliment de base de la population de cette zone et qu’il faut protéger cette culture. Au total, ce sont 900 mètres linéaires de boutures de manioc qui ont été distribuées auprès de 10 ménages dont les champs étaient prêts pour les planter.

Il a été convenu que ces 10 ménages qui ont bénéficié de ces 900 mètres linéaires de boutures vont les multiplier dans leurs champs respectifs. Au moment de la récolte chacun pourra garder le manioc produit dans son champ et distribuera les boutures à d’autres personnes dont les champs seront prêts à recevoir ces boutures.

La culture vivrière

La culture vivrière (haricots, maïs, arachides) est une culture pratiquée par plusieurs familles à Lulingu et dans tous les villages qui bénéficient du projet. La production de ces cultures intervient dans l’alimentation et dans l’économie des ménages producteurs. Parmi les maraichers visités, quelques-uns nous ont confirmé que, grâce à la production de leurs jardins, ils sont parvenus à améliorer leur sécurité alimentaire et ont gagné de l’argent. Grâce à la vente d’une quantité de légumes qu’ils ont produits, ils sont parvenus à payer les frais scolaires de leurs enfants. C’est le cas de Madame Anifa (voir photo ci-dessous).

Article Claude_4

 L’élevage de cobayes

Article Claude_5

A Lulingu l’élevage des cobayes est pratiqué par des ménages qui en reçurent lors de la première ou de la deuxième distribution ou via la multiplication des cobayes de ceux qui en avaient reçu lors de ces deux distributions. Rappelons que l’élevage de cobayes permet aux ménages bénéficiaires de répondre à leurs besoins alimentaires et de payer la scolarisation des enfants.

Parmi les ménages bénéficiaires, il y en a qui maitrisent déjà cet élevage mais il y a aussi ceux tâtonnent. Chez certains bénéficiaires les cobayes ne se multiplient pas vite alors que chez d’autres il y a déjà de bons résultats. Monsieur KIKANDA, bénéficiaire direct de trois cobayes n’en a jusqu’à présent que trois de plus alors que Madame Charlotte, une veuve qui vit avec 5 de ses petits-fils et qui, elle aussi, en avait reçu au départ trois en a déjà 30. Sur ces 30 cobayes, il lui en reste 16 car elle en a offert 1 à la délégation de Braine pour dégustation et lui en a vendu 2, 4 ont servi de monnaie pour lui permettre de financer les travaux de défrichage de son champ d’arachides et de haricots et 4 autres cobayes lui ont permis de nourrir ses amies lors des travaux communautaires dans son champs, 3 autres cobayes ont été mangés avec ses petits-fils.

Devant un si beau résultat, nous avons demandé à Charlotte (la meilleure productrice de cobayes à Lulingu) de nous dire comment elle s’y prend pour obtenir un aussi beau résultat. Charlotte nous a ainsi révélé 3 secrets :

1. Elle entretient bien les lieux d’habitation de ses cobayes (elle nettoie leur cage trois fois par jour tout en y mettant de la cendre pour diminuer l’humidité causée par leurs urines).

2. Elle protège ses cobayes des chiens et des chats.

3. Elle diversifie leur nourriture.

Charlotte nous a également dit qu’elle a des femelles qui donnent une portée de 4 petits.

Ces « secrets » de Charlotte vont être partagés avec les autres bénéficiaires afin qu’ils puissent s’en inspirer pour leur propre élevage.

Toujours à propos des cobayes, nous avons constaté qu’ils servent aussi dans le domaine de la santé. C’est ainsi que Madame SIFA a vendu 2 cobayes pour acheter des médicaments pour ses enfants qui étaient malades et qu’une femme anémique suite à une opération a égorgé 6 cobayes pour en boire le sang mélangé à du sucre. Cette maman fut guérie de son anémie et retrouva sa bonne santé.

Les cobayes ont aussi un rôle dans la fertilisation des jardins. Madame ANIFA utilise les excréments des cobayes pour fertiliser son jardin potager.

La pisciculture

Article Claude_6

 

La pisciculture est l’un des axes retenu dans le projet de la relance agricole. Pour rappel, nous avons construit 5 étangs piscicoles de multiplication des alevins dont : 2 étangs à Lulingu, 1 étang à Lukala , 1 étang à Mumbano et 1 étang à Katchungu. L’objectif de ces 5 étangs est de multiplier les alevins d’une race plus productive et de les distribuer aux pisciculteurs en remplacement progressif des alevins locaux dégénérés et moins productifs. 

Cette idée a été soutenue par les ménages bénéficiaires du projet suite à la place qu’occupe la pisciculture dans l’alimentation paysanne et son impact dans la sécurité alimentaire. C’est dans ce cadre que nous avons récolté des alevins dans un des 2 étangs de multiplication de Lulingu afin de les distribuer à 6 ménages qui avaient préparé des étangs pour les recevoir. C’est ainsi qu’au total, 360 alevins ont été distribués auprès de ces 6 ménages à raison de 60 alevins par ménages. Il est à signaler que c’est la deuxième fois qu’on récolte des alevins dans cet étang pour les diffuser.

Techniquement avec ces 360 alevins on peut parvenir à peupler (aleviner) un étang qui couvre une superficie de 3.60 ares, après 8 mois. Si l’étang est bien géré, il peut produire des alevins à distribuer pour 20 ménages.

 

Article Claude_7

Ces 6 bénéficiaires vont donc multiplier les alevins reçus en les mettant dans leur propre étang. Dans 8 mois ils vont à leur tour en récolter dans leurs étangs et les distribuer aux ménages qui seront prêts à en recevoir. Avant cela, un travail sera fait en amont par les vulgarisateurs pour accompagner techniquement les pisciculteurs dans la construction de leurs nouveaux étangs.

Signalons que les étangs de Lukala et de Mumbano souffrent de l’insuffisance de l’eau et que celui de Katchungu en manque complètement suite à l’absence prolongée des pluies et à la sècheresse qui sévit actuellement dans cette zone. Cela a pour conséquence la perte de tous les alevins que nous avions mis dans ces étangs.

Nous attendons le retour des pluies pour que ces étangs soient à nouveau alimentés en eau et pour relancer de nouveau cette activité en ajoutant des alevins dans ces étangs.


 

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